Robinson, notre aïkidoka le plus ancien dans le grade le moins élevé, ne viendra pas à l’aïkido ce mardi. Pour cette absence, il aura certainement un mot d’excuse à présenter à son professeur qui lui a pourtant décerné récemment un port du hakama amplement mérité. Mais Robinson a une excuse formidable. Une excuse qui ne se présente qu’une fois l’an, mais quelle excuse !
À l’heure où l'on envisage sérieusement de proposer le Carnaval de Dunkerque au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO (après ceux de Binche en Belgique et de Granville en Normandie), à l’heure même où les Trois Joyeuses battent leur plein, où les bandes de Dunkerque, de la Citadelle et de Rosendaële offrent de leur rigodon respectif la furie bonhommière… chacun cherche son chat.
C’est en tous cas ce que Robinson réitère cette année encore et cela depuis plusieurs décennies, lui qui, sous son déguisement de chat, est capable de miauler toute l’anthologie des refrains débridés du Carnaval, celui-là même qui nous en gratifie copieusement tout au long de l’année dès que l’occasion se présente, accompagnant ses vocalises de son célèbre « poudingue » et de son Potje Vleesch, tant il est fier de cette tradition pluriséculaire !
Eh ! Qui le lui reprocherait, et qui s’en plaindrait ?
Si vous vous rendez à Dunkerque ces jours-ci, vous pourrez donc voir, parmi les buissons de plumes de faisan, les costumes baroques, les chahuts, les fanfares qui beuglent et les parapluies multicolores qui cheminent de chapelle en chapelle, notre Robinson sous la forme d’un Mistigri, d’un Raminagrobis, d’un greffier mignon renouvelant son allégeance à sa majesté Carnaval en priant Saint Gambrinus et tous les harengs de la terre que cette tradition perdure encore et encore et cela pour longtemps.
Au fond, si l’on y songe : que serait l’aïkido sans ses pratiquants, que serait le Carnaval sans ceux qui le font ?
Nos aïkidokas ont du talent. Même s’ils n’en font pas tout un fromage !