La mer étale forme un glacis blanc qui se fond avec le ciel dans une lumière éblouissante. La mer se donne la coquetterie de ressembler au miroir d’un lac tandis que les mouettes glissent imperturbables avec la morgue de grands cygnes. Le ciel s’embrase de rose et de bleu en larges trainées brossées par un peintre fauve qui aurait pris ses quartiers d’été aux confins de la Flandre maritime pour se reposer quelque peu de ses ciels de tourmente… Même les joggeurs, de crainte de troubler le calme des lieux, courent sur la pointe des pieds à la façon pusillanime des hérons cendrés. Il faut dire que cette paix omnipotente qui marque sur la dune les hommes, les bêtes jusqu’aux plantes s’est imposée à la suite d’épisodes tempétueux d’une rare violence.
Nous sommes à nouveau à Leffrinckoucke d’où nous vous adressons notre meilleur souvenir.
Le voyage commence le pas de la porte passé. L’exotisme surgit à portée du jet de pierre. Il suffit pour cela de lever le nez, ouvrir grand les yeux, humer l’air et écouter le moindre bruit, sortir enfin du tunnel du quotidien. Ce n’est pas la distance, la route, le transport qui fait l’étonnant voyageur, c’est sa capacité à s’émerveiller au spectacle du monde et ce monde-là est partout où nous portent nos pas. N’est-ce pas la leçon que nous livrent les récits de tant d’explorateurs ? Ou encore celle, tout simple, de la rencontre inopinée avec cette gracieuse sauterelle qu’un éclat de soleil traversa au sortir de chez nous ?