Me voilà revenu depuis maintenant presque un mois d’un séjour en Allemagne, à Hambourg. Je suis parti trois mois et demi dans le cadre d’un projet européen s’intitulant « Leonardo ». Ce projet est ouvert à tout le monde. L’idée principale est de vivre une mobilité à l’étranger. Mon secteur d’activité étant l’animation sociale, j’ai effectué une vingtaine d’heures par semaine en structure. J’ai reçu des cours de langue pendant six semaines. Bien entendu, le kimono faisait partie du trousseau à emporter.
J’ai pris le soin avant mon départ de me renseigner sur les différents dojos existant à Hambourg via Internet, et un dojo en particulier a attiré mon attention en visionnant la vidéo de démonstration. Une fois à Hambourg, je me suis présenté au 1, Beerenweg Stra?e, à l’Aikido Zentrum Hamburg (http://aikidozentrum.com/ ). J’ai commencé à échanger mes premiers mots avec le Professeur Matthias[1] en Anglais. Il comprend rapidement que je suis Français et me dit avec un accent allemand : «
- Tu es Français ?
- Oui !
- Je sais parler un peu le Français. »
Tous les Hambourgeois vous diront qu’ils savent « un peu » parler le Français ; en réalité, ils parlent « assez bien » le Français !!!
J’ai reçu un accueil très sympathique et agréable. Les premiers mots de Matthias en Français ont été simples : « Si tu veux t’entraîner, les toilettes c’est en haut, les vestiaires Hommes c’est là, et c’est bon. ».
Après avoir ouvert les portes coulissantes, tel un dojo traditionnel japonais, je pénètre dans le vestiaire. Je salue les gens d’un « Hallo ! », comprenez « Salut ! », et, comme souvent dans un vestiaire d’aïkidokas, sacrifiant au besoin naturel de se comparer, on observe discrètement la couleur de ceinture de l’inconnu qui se présente.
Ceinture autour de la hanche, Hakama ficelé, je fais mes premiers pas sur un tapis où les cours sont dispensés dans la langue de Goethe ! Je m’aperçois très vite que les mots japonais de la pratique sont des repères très faciles à trouver dans notre discipline ce qui me permet une entrée en matière sans trop d’atermoiements. Après plusieurs jours de pratique, je me rends compte qu’un quart des participants parlent Français ! Et bien entendu l’Anglais aussi : ils sont tous bilingues !
Matthias est souvent venu m’expliquer en Français ce qu’il venait de présenter. Il a été très attentif avec moi et je l’en remercie. Nous avons eu des échanges sur la pratique. Matthias est un élève de Christian Tissier, il a passé trois ans en région parisienne à Vincennes et suit encore très régulièrement Christian lors de ses déplacements en Allemagne. Il est un Aïkidoka simple, pédagogue, bon technicien, et il ne manque pas d’humour. J’ai vraiment passé un super moment. Le niveau technique est assez soutenu dans son dojo et la sympathie au sein du club au rendez-vous. |
Nos échanges et les discussions sur la pratique me procurèrent bien du plaisir. Je retiens cela de lui : « Grégory, garde le pratiquant en déséquilibre chez toi, la gravité fera le reste ! »
Pour quelques phrases en Allemand qui résonnent en moi encore aujourd’hui j’en retiens la suivante :
« - Sehr Schön , Gregory, Sehr Schön ! »… Évidemment ça fait toujours plaisir !
À quoi je me dois de répondre : « Jetz , ich möchte Mattias Danke Sage für alles,Tchüss und ich hoffe bis bald ! »
Plus qu’un art martial, l’Aïkido est à mon sens une aventure humaine. Un groupe de personnes partageant une communication commune, faisant partie d’un groupe, l’homme y nourrit son besoin d’appartenance et d’existence aux yeux des autres. Les gens rencontrés au sein du dojo n’ont-ils pas également ce besoin d’appartenance et de reconnaissance de ce qu’ils sont ? Et si l’Aïkido nous informait sur la psychologie humaine ?
Alors quelle formidable aventure !
Grégory Lamotte
12 janvier 2014
[1] Matthias Lange, né en 1973, 4e Dan Aikikai/AFD, Médecin spécialiste en psychiatrie et psychothérapie à la clinique de l’Université de Hamburg Eppendorf.