L’aïkido seul offre cette opportunité de mêler dans sa pratique tous les êtres sans distinction de catégorie. Poids plume, poids lourds, homme, femme, etc. nous sommes tous des êtres humains, et nos différences, à les considérer sous le bon angle, sont plus des atouts que des handicaps car en aïkido, il appartient à chacun de s’adapter à l’autre. Les différences ne comptent plus dès lors que les techniques sont correctement maîtrisées. Le tatami est donc un joyeux melting-pot ouvert à toutes et à tous.
C’est une gageure mais c’est ce qui en fait tout le sel. Ainsi tel « grand Pierrot », réalisant Shihô nage avec un « Arlequin » plus petit que lui, peine à se glisser sous son bras tout en repliant le double mètre de ses jambes… Tel « Laurel » a de quoi hésiter au moment de projeter « Hardy », son quintal de partenaire, dans la crainte d’être entraîné inexorablement dans sa chute... Pourtant, chez les adultes, le rapport est de 1 à 2 et ne se dépasse que rarement.
Eh bien tout cela n’est rien, vous allez voir pourquoi. Il existe à Marcq en ce moment deux populations qui suivent des enseignements distincts : les adultes et les enfants. Or, ce mardi, nous avons eu l’occasion d’expérimenter, sous la houlette de Guillaume, l’aïkido enfants et adultes en une même session avec la consigne de travailler les uns avec les autres.
Naturellement, le ronron de la pratique habituelle s’en est trouvé chamboulé car le rapport de 1 à 2 est ici passé de 1 à 4 dans certains cas. Ainsi a-t-on pu voir une petite fille, les nattes en bataille, 24 kg toute mouillée, affronter un gaillard de 100 kg et quelques (au-delà on ne compte plus !). Un petit garçon farouche manipuler un bucheron sur Ikkyo… Une jeune demoiselle soulever un double mètre dans un kokyu hô d’enfer….
Croyez bien que la leçon a servi tant aux grands qu’aux petits. Les enfants ont revu quelques techniques mesurant cette fois que, grâce à elles, ils pouvaient déplacer les montagnes, les grands ont dû recalculer toutes leurs certitudes en termes de hauteur, de déplacement, de placement par rapport à leur petit tourmenteur, leur position dans l’espace face à des lilliputiens bien décidés à en découdre et ne pas s’en laisser compter. À voir les minots se colleter avec les darons de tous acabits, les voir ainsi terrasser les dragons, eût trempé les yeux de Chimène sous le coup de l'émotion.
Ce fut somme toute une séance très agréable et -oserai-je le dire ?-assez éreintante pour nous les adultes mais combien riche et enthousiasmante ! Une séance au cours de laquelle tous les paramètres auxquels on était accoutumés ont été revisités sous un jour nouveau qui ne fait qu’éclairer davantage les principes que nos professeurs ne cessent de chercher à nous inculquer avec une infinie patience.
Merci à Catherine pour ces photos
qui constituent un témoignage très significatif !