Le dojo me manque… Aussi je vous envoie un peu de nos nouvelles depuis le mont Saint Clair, hauteur de Sète…
Cuisine méridionale principalement à base de poissons et coquillages, plage, visite de lieux naturels ou culturels pittoresques magnifiés par une fréquentation moindre et une ambiance très « hors saison »… Un séjour charmant tout en découvertes pour nous qui n’y étions jamais venus.
Sète est un port de pêche gagné sur la Grande Bleue, cerné par d’immenses étangs moitié salines, moitié bassins conchylicoles. Les « Peuchère ! » y fleurissent sur les pavés de ses petites rues en pente et il n’est pas rare de trouver çà-et-là quelque plume de flamand rose ou d’aigrette garzette tant la faune et la flore abonde jusqu’au tourment de ses ruelles.
On y rencontre tout un peuple besogneux de pêcheurs, de voyagistes (des départs fréquents de gigantesques ferries pour Tanger et Nador au Maroc), de petits commerçants, de petits artisans et d’ouvriers de la pétrochimie. Et les Riches ? Me direz-vous. Ils se cachent derrière les hauts murs des propriétés d’où s’échappent palmiers géants et verdure luxuriante qui détonent avec les murs défraichis du vieux Sète, propriétés aux maisons invisibles qui grimpent ce fameux mont Saint Clair, cette colline où l’on chassait le loup -dit-on- en des temps aujourd’hui révolus…
Sète n’est évidemment pas l’Italie (même si les canaux qui la ceignent se donnent un petit air vénitien avec les reflets du campanile art déco de sa CCI) et ce n’est pas non plus la Catalogne, plus proche encore, (même si des corridas ont cours dans les arènes de la région…) mais Sète possède le charme de la première et la fierté et la nervosité de la seconde sans qu’elle n’ait emprunté ni à l’une ni à l’autre. Ceci en fait une ville d’exception pour son caractère où le tourisme, bien que très présent, n’apparaît somme toute que comme la rançon d’un succès acquis sans qu’elle n’ait eu à forcer le trait en aucune manière…
… Et puis par-dessus tout cela : Brassens, omniprésent, véritable enfant du pays même s’il est et restera, pour beaucoup d’entre nous qui ne sommes pas d’ici, un peu notre copain de cœur en chanson. Si son corps repose loin de la mer auprès de ses parents, il est vivant partout dans la ville au détour des parcs, des places, des cabarets, sur les affiches et dans le nom des rues, des commerces… Mais il y a aussi Paul Valéry et Jean Vilar tous deux inhumés dans l’incroyable cimetière marin qui domine le port et ses entrelacs de digues et de jetées et que saluent les chalutiers et les îles flottantes des paquebots pour l’Afrique quand ils croisent entre les phares verts et rouges bornant le chenal.
Enfin, notre visite au MIAM (Musée International des Arts Modestes) à Sète a provoqué la vocation artistique de nos deux bouts de choux : l’exposition temporaire remarquablement documentée rendait hommage à Claude Piéplu et Jacques Rouxel et leurs Shadoks, véritable ovni culturel des années 68 et suivantes. Une œuvre d’une grande richesse graphique assortie de proverbes et dictons philosophiques devenus cultes comme : « On n’est jamais aussi bien battu que par soi-même » ou encore « Pour qu’il y ait le moins de mécontents possible, il faut toujours taper sur les mêmes » : autant de maximes qui pourraient décorer les murs de notre dojo ( !)…
Avant de vous retrouver très bientôt, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un excellent stage avec Michel ERB, profitez-en bien !!!