Zen et arts martiaux

Ce n’est pas un scoop car il s’agit là d’un vieux livre mais il est propre à nourrir notre réflexion. Je recommande donc aujourd’hui la lecture de cet ouvrage qui fait le point de façon tout à fait simple et compréhensible sur les relations qu’entretiennent spiritualité et arts martiaux :

Zen et arts martiaux, Taisen Deshimaru

Zen et Arts martiaux, Taisen Deshimaru, Collection Spiritualités vivantes. Albin Michel (1983)

Maître Deshimaru (1914-1982), Japonais établi à Paris en 1965, est connu pour avoir introduit la méditation assise (en Zazen) et propagé l’enseignement du Zen en France et en Europe. (pour en savoir plus : http://zen.viabloga.com/news/taisen-deshimaru)

Taisen Deshimaru

Maître Deshimaru y explique en effet le lien très étroit qui existe au Japon entre quête spirituelle et les pratiques aussi diverses que la cérémonie du thé, l’art floral, une part importante de l’art des jardins, la calligraphie, et, plus particulièrement, les arts martiaux. « Lorsque le Zen arriva au Japon il trouva un peuple dont la guerre était l’occupation habituelle […]. Ce fut le génie du Zen de transformer les techniques brutales de la guerre en arts qui ne se souciaient plus du tout de l’efficacité guerrière mais de la recherche de soi-même. […] Le sabre, l’arc et la flèche n’étaient plus des instruments de mort mais des supports de méditation. [1]»

Le recueil relate trois conférences tenues en 1975 l’une sur « la voie du samouraï », l’autre sur « la double voie », et la troisième sur « la vie et la mort », conférences suivies de discussions sous forme de questions-réponses (mondo) entre le Maître et ses élèves et plus précisément sur le rapport entre méditation et action. On y apprend beaucoup et, ce que l’on croit savoir des arts martiaux (pour nous l’aïkido), jusqu’aux choses apparemment les plus évidentes comme le reishiki, est mis en perspective et prend un sens nettement moins formel que lorsqu’il est détaché de son contexte.

Je peine à choisir parmi les propos tenus ceux qui pourraient vous inciter à lire ce livre vous-mêmes tant je crois que tout est à prendre et à méditer. Vous vous trouverez en terrain connu en découvrant les « sept principes » du Bushido qui ne sont pas sans rapport avec les sept vertus que représentent selon O sensei les plis du hakama, ni ses « trois étapes » qui font écho au cheminement gradué que nous connaissons à travers les passages de grade mais vous serez peut-être surpris d’apprendre que ces étapes sont identiques à celles que franchissent les moines Zen pour devenir maître à leur tour.

L’ensemble de l’ouvrage donne des arts martiaux une vision d’une grande cohérence là où le sport les a morcelé en les vidant de tout sens spirituel.

Les mondo sont aussi intéressants que les conférences elles-mêmes. Maître Deshimaru répond à toutes sortes de questions aussi diverses que : « Qu’y a-t-il de plus important dans les arts martiaux ? » « Comment exercer le ki ? » « Qu’est-ce que la peur ? » « Un jour vous m’avez dit “Zazen [la pratique de la méditation assise] est l’entraînement de la mort, les arts martiaux celui de la vie.” Alors, faut-il pratiquer les deux ? », et où l’on découvre pourquoi du shin [l’esprit], du wasa [la technique] et du thaï [le corps], c’est l’esprit le plus important et pourquoi.

Pour vous en donner un avant-goût, je vous ai confectionné un mini-livre contenant un court extrait exposant les sept principes du Budo évoqués plus haut et comment le bouddhisme a marqué le Bushido par cinq aspects. Cliquez sur l’image, imprimez, coupez et pliez comme indiqué sur le mini-livre, lisez !!!!

Les sept principes - extrait du livre de Taisen Deshimaru intitulé "Le Zen et les arts martiaux"Les_sept_principes2

Mini-livre "les sept principes" à télécharger, monter et imprimer, extrait du livre de Taisen Deshimaru intitulé "Le Zen et les arts martiaux"


[1] Postface de l’ouvrage signée du Dr Claude Durix (3e Dan de Judo, 3e Dan de Kendo, 2e Dan de Iaïdo, 2e Dan D’Aïkido.)

 

 

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